2015
Comment donner des formes à l’eau ! D’abord il faut être artiste, c’est-à-dire ne pas entrer dans ce qui est courant, banal, tomber dans les habitudes de la répétition, décorer au lieu d’inventer, déshabiter l’espace, défaire et faire ; il faut trouver des rythmes arrachés aux ondes, prendre l’idée qui ne traîne pas mais qui s’accroche, respire et s’étale dans un montage bien étudié pour donner l’illusion qu’elle est touchable, lumineuse, orientée par le crachat des ombres et par l’aspect transparent des couches de l’air. Attention à l’effondrement de la matière qui inerte est transformable ! La bulle est là, dans l’au-delà, accompagnée d’autres bulles, jetées par les cristaux du savon qui méconnaît la ligne et s’active dans un silence de chef d’orchestre. L’artiste, ici Yoshii, prend un moule en altuglas, en tire une couverture de livre et enchâsse une fourmilière de bulles. C’est la mort d’un texte qui aboutit dans l’au-delà, caché par des signes rescapés d’une première impression.
Yoshii, s’il aime la mine de plomb (voir les dessins si noirs, luisant d’épaisseur), sort du papier en soufflant dans le vide pour obtenir de légers cailloux plus ou moins lisses et que l’éclairage rend mécaniques (toute ressemblance avec des sculptures est parfaitement exacte).