2015
Pierre Antoniucci
Le processus fondateur du travail de Pierre Antoniucci est à rechercher dans ses “Ateliers circulaires” : Le tableau se construit à partir d’un centre évidé qui conduit les figures aux bords du cadre de telle manière que la composition s’apparente au lancé d’une boule de billard ; chaque motif rebondit sur les bords et par un enchaînement centrifuge dresse l’espace du tableau par son périmètre.
Pierre Antoniucci nous fait rentrer dans la proximité, dans la beauté de ces choses ordinaires qui ont perdu leur fonction, qui n’ont plus d’utilité, mais qui sont devenues belles « en ellesmêmes », avec le temps. Les objets de ses tableaux sont des rappels à la vie, comme ceux qu’on peut voir sur les fresques de Pompéi, ou dans ce que les peintres japonais du XVIIIe siècle appelaient des « objets tranquilles ». On peut retrouver, dans les œuvres d’Antoniucci, les genres picturaux « traditionnels » : portraits, natures mortes, paysages, scènes à figures… La composition initiale, à l’encre à peine visible, permet de situer les objets principaux, de positionner les images et les matières qui éventuellement sont marouflées sur la toile. La peinture va ensuite tout recouvrir et donner sa légèreté à l’ensemble, faire apparaître la clarté des fonds, faire vibrer l’espace, renforcer l’intensité colorée des objets.
Dans chacune de ses œuvres, tous les éléments de la composition picturale (formes, plans, figures, textures, couleurs, tactilité…) sont requestionnés. Pierre Antoniucci affirme le geste pictural, le jeu des formes et des matières, l’enfouissement ou l’éclatement des images, les possibilités de métamorphoses. A partir d’une composition, un tableau peut apparaître par résonance, par répétition, décalage, rotation, glissement, basculement, renversement, faisant émerger de nouvelles couleurs ou matières, de nouveaux espaces…